Filip Müller

Claude Lanzmann a retrouvé des rescapés juifs des camps d’extermination. Il a traqué les nazis qui se cachaient et réussi à les filmer clandestinement. Il est retourné sur les lieux, dans les villages limitrophes de Chelmno, Ponari, Treblinka, Sobibor, Auschwitz, pour interroger les témoins polonais. Ni fiction – tous les protagonistes ont été en contact direct avec les camps –, ni documentaire – il ne s’agit pas d’une compilation de souvenirs –, Shoah est avant tout un film de la mémoire qui abolit la distance entre le passé et le présent. Sans recourir aux documents d’archives – il n’y a pas un cadavre dans cette œuvre pétrie de mort – ni aux “images chocs”, Shoah (“anéantissement”, “destruction”, en hébreu) démonte les rouages de la “solution finale”. “Nous avons lu, après la guerre, quantité de témoignages sur les ghettos, sur les camps d’extermination.

Director Claude Lanzmann spent 11 years on this sprawling documentary about the Holocaust, conducting his own interviews and refusing to use a single frame of archival footage. This epic documentary changed the way we think about the Holocaust. Featuring interviews with survivors, bystanders, and perpetrators from across Europe, mostly Poland and Germany, Shoah is drawn from over 300 hours of contemporary conversations with these witnesses, along with footage of overgrown sites of unspeakable horrors, including the concentration camp at Auschwitz. The monumental film grew out of Lanzmann's concern that the genocide perpetrated only 40 years earlier was already being forgotten. In response, he relied entirely on accounts from witnesses, rather than historical footage or reenactments, sometimes resorting to hidden cameras or other deceptions to coax stories and memories from those with whom he spoke.